En rouge et noir ...
Une chape de plomb
S'installe lentement
S'insinue patiemment
Dans la foule en fusion
Serait-ce un mirage
Dans un désert de sable
Qui ondule en vibrant
Cette écharpe de sang
Cette flamme qui s'agite
Qui tournoie et évite
L'ombre noire de la mort
Glissant près de son corps
Des cris fusent des gradins
Transpirant la suée
L'ivresse et la faim
D'hystériques assoiffés
Leurs yeux guettent la faille
D'une injuste bataille
Aux mains des éventails
Allègent l'air souillé
Des cavaliers mutants
Affaiblissent la masse
Et impriment leurs traces
Sur la peau du géant
Leurs montures damnées
Scellent un pacte éperdu
Avec le mal-aimé,
Celui des deux vaincus
A leur peur se mêle
Sa rage de perdant
Le sang baigne son corps
L'écume gicle du mors
Et ils mènent épuisés
Une danse macabre
Qu'un pantin désossé
Signera par le sabre
Porté par des olé
Sous un soleil complice
Réclamant deux trophées
Achève le supplice
Une oreille, une queue
En guise de médailles
Du cuistre l'attirail
N'en fait qu'un miséreux
Cédant au ridicule
Il ne craint pas la mort...
Sous le soleil qui brûle
C'est le TORO qui dort ...